dimanche 12 juillet 2009

Note d’intention pour un prochain (3e) ouvrage du GRMP

Note d’intention pour un prochain (3e) ouvrage du GRMP sur le thème des réseaux.

Echanges et circulations.
Contribution à l’étude des réseaux institutionnels et informels
dans le champ du patrimoine et de la culture

Premier axe de réflexion : le réseau, lieu commun à déconstruire


En dépit de sa complexité, le réseau est devenu un lieu commun dans le champ des politiques culturelles et patrimoniales. Tant au niveau des discours que dans certaines représentations, la « mise en réseau » semble être devenue un impératif, gage d’efficacité, de cohésion ou de solidarité dans la mise en œuvre des politiques patrimoniales et culturelles. La « mise en réseau » est ainsi fréquemment invoquée comme gage de « bonne pratique » voire de « bonne gouvernance » par les acteurs institutionnels. La « nécessité » du réseau est également convoquée par d’autres types d’acteurs pour répondre aux nombreux défis de la mise en œuvre des actions culturelles et, sans doute, à un certains nombre de mutations contemporaines (sociales, territoriales mais aussi économiques…).

Comment la notion s’est-elle imposée dans les discours et les politiques culturelles ? La banalisation du terme renvoie-t-elle à une évolution réelle des pratiques et des impératifs dans le domaine de la culture ou procède-t-elle d’une instrumentalisation de la notion ? N’y a-t-il pas nécessité de déconstruire la notion et ses usages sociaux contemporains afin de cerner les valeurs ou les enjeux qui leurs sont éventuellement attachés ? La mise en réseau est-elle un outil ou bien une fin en soi (valeur performative) ? A quelles acceptions de la notion de réseau, différemment théorisé en sciences sociales, renvoient ces usages ?

Second axe de réflexion : fonctionnement, finalités, temporalités des réseaux

Le réseau suppose un ensemble d’acteurs, mais également des échanges et de la circulation.

Diversité des réseaux : thématiques (réseaux des arts de la scène), territoriaux, institutionnels… à divers niveaux d’échelles => privilégier les approches comparatistes. Chaque étude de réseau devrait s’accompagner d’une réflexion théorique liée à l’étude de cas sur, par exemple, les enjeux, les limites de la mise en réseau, les types de finalités, l’efficacité des réseaux…
Le travail sur la différenciation entre partenariats et constitution de véritables réseaux semble indispensable. Certains acteurs sont partenaires sans pour autant fonctionner en réseau.
Mettre en valeur des types ou des « modèles » de réseaux ?

Réseaux et jeux d’acteurs : tenter de différencier les réseaux institutionnels des réseaux informels (comment définir l’informel ?) : comment s’articulent-ils ? Comment se manifestent les rapports de domination, de marginalisation ou d’intégration au sein des réseaux ?
Pourquoi certains réseaux ne fonctionnent ils pas (nombreux exemples dans le domaine du patrimoine…) ? Extension et complexité croissante des réseaux (au sein de la ville par ex.). Les institutions et acteurs appartiennent à des réseaux multiples. Prendre en compte la concurrence des réseaux.

La constitution d’un réseau repose sur des acteurs, lesquels établissent des échanges dont il faut tenter de cerner la nature : s’agit-il de biens, d’objets, d’argent ? D’idées ou d’informations ? Selon quelles modalités ?
Des contributions pourraient donc s’attacher aux contenus des échanges en travaillant plus précisément la notion de circulation.

Mise en réseau et stratégie des acteurs : finalités multiples des réseaux : vouloir mettre en ordre et manifester une forme de contrôle social => imposition de normes et volonté d’homogénéisation de pratiques (nombreux exemples dans les musées), ce qui suppose une hiérarchisation forte à l’intérieur même des réseaux ; faire émerger un territoire à une nouvelle échelle (réseaux transfrontaliers par exemple) ; faire du lobbying ; « en être ou pas » : stratégie d’appartenance (labellisations multiples…) ou enjeu de reconnaissance et d’affirmation d’une légitimité.

Cerner les finalités multiples, cela conduit à interroger les incidences (ou les effets) de ces mises en réseau, l’efficacité des réseaux. Les réseaux ont-ils des effets structurants réels ? Comment les évaluer ? Il s’agit aussi d’évaluer la capacité des réseaux à influencer ou orienter : par exemple comment un réseau comme Culture Action Europe peut-il arriver à influencer les politiques culturelles européennes ?…

Temporalités des réseaux : se pose également la question de la genèse, de la pérennité ou de la durabilité des réseaux ; en effet, il semble que nombre de réseaux soient des réseaux temporaires, non pérennes : créer un réseau, c’est aussi créer un espace d’échanges temporaires guidés par les intérêts du moment. Ces mises en réseau non pérennes traduisent-elles une nouvelle conception de l’action culturelle ?

Troisième axe de réflexion : enjeux contemporains

Montrer enfin que la mise en réseau n’est évidemment pas chose nouvelle, mais qu’il existe peut-être de nouvelles formes ou modalités de mise en réseau liées à un certain nombre de mutations contemporaines ? Autrement dit, étudier la mise en réseau comme forme d’adaptation à de nouveaux contextes, censée susciter de nouvelles dynamiques.
- Emergence de réseaux transnationaux liés à la mondialisation ? de manière plus générale, approfondir la question du transnational.
- Emergence de nouvelles échelles des réseaux liés par exemple aux transferts de certaines compétences ou aux recompositions territoriales ? Aborder la question des réseaux européens entre émergence et consolidation (à mon avis indispensable pour un ouvrage actualisé sur les réseaux)
- Nouveaux impératifs sociaux et construction de nouveaux réseaux dans le domaine de la culture et du patrimoine : nécessité d’intégrer des populations en marge, des minorités… tenir compte des réseaux communautaires par exemple ?
- Emergence de l’articulation de réseaux qui auparavant n’étaient pas forcément articulés : publics/privés… par ex. pour le mécénat ?
- Caractère de plus en plus flexible et non pérenne des mises en réseaux selon des objectifs particuliers ? Certains réseaux permanents sont-ils de ce fait vidés de leur sens ou ont-ils une autre finalité ?
- Numérisation et émergence de nouveaux réseaux (portails, mutualisation) ?

Proposition de méthode de travail et calendrier prévisionnel :

Juillet-août 2009
Echanges sur le blog pour enrichir la réflexion sur la problématique de l’ouvrage entre tous les membres de la liste de diffusion
Sept 2009
Réunion du samedi 26/09 de 10h à 13h aux Musées des Arts Décoratifs 107, rue de Rivoli 75001 Paris T. : +33 (0)1 44 55 57 50 http://www.lesartsdecoratifs.fr/
Fixation des orientations définitives lors de la réunion de travail par les chercheurs présents ; organisation du comité éditorial.
Donner des lignes claires dans lesquelles les auteurs devront s’inscrire => finalisation d’une note d’intention.
Sept.-déc. 2009
Fixation du nombre des contributeurs et du contenu des thématiques.
Février-mars
Date butoir à fixer.
Soumission par les auteurs de propositions de contributions qui devront être amendées par le comité éditorial à partir de critères d’évaluation (exemple : inscription dans une cohérence d’ensemble, dimension théorique, actualité de la question ou du cas choisi….). Elaboration du plan de l’ouvrage.
Printemps/été-début de l’automne 2010
Processus d’écriture à plusieurs mains (2 à 3 contributeurs par article, en majorité du GRMP actuel mais éventuellement avec d’autres universitaires ou professionnels).
Automne 2010
Rendu des textes 1ère version par leurs auteurs – double relecture par un comité élargi.
Décembre 2010
Séminaire de travail collectif ouvert, avant finalisation des articles.
Printemps 2011
Communication des textes finalisés à l’éditeur (L’Harmattan, dont la même collection Administration et aménagement du territoire que Patrimoine et mondialisation est partante pour l'accueillir) après corrections apportées par les auteurs et rédaction de l’intro et de la préface.
Automne 2011
Communication sur l’ouvrage ; organisation d’une rencontre-débat avec des invités.

Anne Hertzog, 9 juillet 2009.
Compléments dans le calendrier ci-dessus par Fabrice Thuriot, 12 juillet 2009.