mardi 17 février 2009

Rencontre-débat autour de l'ouvrage "Patrimoine et mondialisation"




















De gauche à droite et de haut en bas : Daniel Thérond, Jean-Marie Vincent, John Crowley, Jean-Pierre Warnier, Fabrice Thuriot ; Geneviève Vidal, Martine Regourd, Anne Gombault ; Geneviève Vidal (debout) ; Jean-Pierre Warnier, Fabrice Thuriot, Anne Hertzog. Photos : Estrella Rojas, membre du GRMP.

Rencontre-débat animée par les auteurs de l’ouvrage et avec la participation de :

John Crowley
Rédacteur en chef de la Revue Internationale des Sciences Sociales à l'UNESCO et directeur exécutif du Centre Interdisciplinaire pour la Recherche Comparative en Sciences Sociales

Daniel Thérond
Chef du service du patrimoine culturel, du paysage et de l'aménagement du territoire du Conseil de l'Europe

Jean-Marie Vincent
Conservateur général honoraire du patrimoine, administrateur d'ICOMOS-France, de Patrimoine sans Frontières et de Maisons Paysannes de France

Jean-Pierre Warnier
Ethnologue au Centre d'études africaines à Paris, Préfacier de l’ouvrage.

lundi 16 février 2009

Rencontre-débat Patrimoine et mondialisation

Librairie Tekhnê le 2 février 2009 de 18h à 20h

- Présentation des intervenants et de l’objectif de la table ronde : débattre sur le thème Patrimoine et mondialisation à partir de l’ouvrage et de l’expérience des intervenants.
Présentation du GRMP (créé en 1994, démarche, livre précédent) et du projet (idée, manière de travailler…) par Geneviève Vidal : cf. ci-dessus Présentation du projet d’ouvrage.

- Présentation problématisée de l'ouvrage par Anne Hertzog : cf. introduction de l’ouvrage et les thèmes ci-dessous.

- Animation du débat par Fabrice Thuriot à partir des questions suivantes :

. Jean-Pierre Warnier, sur le thème de l'équilibre dans les échanges culturels et commerciaux en fonction des critères suivants : inaliénabilité des biens culturels communs, identité, altérité, transmission entre générations, communautés... :

Le patrimoine est-il une force de résistance à la mondialisation par son caractère spécifique ou bien participe-t-il à celle-ci activement ou de facto ? Assiste-t-on à une domination de certains modèles ?
Faut-il protéger le patrimoine des échanges globalisés et en fonction de quels critères ?

- biens culturels, échanges mondialisés, marchands/non marchands
- patrimoine, identité/altérité, transmissions patrimoniales.

Cf. la préface et en particulier les articles de Bruwier-Mairesse, Hertzog-Poulard, Labadi-Wintzerith, Regourd-Thuriot, Gosselin-Tobelem, Gombault-Petr, Donnelly-Gautier, Mahoudeau-Rojas, Gagnebien-Paris, Rojanski-Vidal.

. John Crowley, sur les thèmes de l’authenticité et de universalisme/relativisme :

La convention du patrimoine mondial de l’UNESCO de 1972 est fondée en particulier sur l’authenticité des biens et sur leur caractère universel exceptionnel. Ces notions sont-elles applicables de la même manière à tous les types de patrimoine, matériels et immatériels (depuis la convention de 2003) ?
Sont-elles perçues et appliquées de la même manière dans l’ensemble des pays ?
Comment sont-elles affectées par les phénomènes de mondialisation, en particulier sur le plan commercial ?

- patrimoines, authenticité et mondialisation
- universalisme/relativisme dans les conventions de l’UNESCO sur le patrimoine et la diversité culturelle, ainsi que dans les principes des organismes internationaux : ICOM, ICOMOS.

Cf. en particulier la préface et les articles de Hertzog-Poulard, Labadi-Wintzerith, Héritier-Thuriot, Alcaud-Wert, Gombault-Petr, Gagnebien-Paris, Rojanski-Vidal, mais aussi, sur la commercialisation des musées, les contributions de Gosselin-Tobelem et Donnelly-Gautier et celle, déjà cité de Gombault-Petr qui porte aussi sur les monuments.

. Daniel Thérond, sur les valeurs défendues par l’Europe :

Quelles valeurs défend le Conseil de l’Europe sur le plan du patrimoine ? Quelle place pour les communautés, les minorités, les régions, les Etats, dans la mondialisation ? Comment les conventions du Conseil de l’Europe sur le patrimoine et le paysage et plus largement les dispositifs européens (Itinéraires européens du patrimoine ; Programme Culture 2007-2013, nouveau label "Patrimoine européen"...) contribuent-ils à une conscience européenne tout en prenant en compte les territorialités spécifiques ?

- rôle international des institutions européennes (Conseil de l’Europe et Union européenne).
- patrimoines, diversité culturelle en Europe

Cf. en particulier les articles de Héritier-Thuriot, Regourd-Thuriot, Alcaud-Wert, Mahoudeau-Rojas, Gagnebien-Paris, Rojanski-Vidal.

. Jean-Marie Vincent, sur le thème local/global et le rôle des Etats :

Peut-on considérer que le patrimoine est avant tout local, territorial ? Dans quelle mesure peut-on dire que sa préservation et sa valorisation sont conditionnées par un rôle actif des Etats (identification, normes, dispositifs, labels, subventions, formation, compétences...) et des collectivités ou communautés locales ? Peut-on parler de recul des Etats en ce sens et le patrimoine est-il aussi ou de plus en plus influencé par les phénomènes de mondialisation (tourisme, commercialisation, marques, événements...) ?

- rapports local/global
- rôle de l’Etat/institutions internationales/territoires.

Cf. en particulier les articles de Bruwier-Mairesse, Hertzog-Poulard, Labadi-Wintzerith, Héritier-Thuriot, Regourd-Thuriot, Alcaud-Wert, Mahoudeau-Rojas, Gagnebien-Paris, Rojanski-Vidal.

Questions communes et conclusives :

- Quelle gouvernance mondiale : l’avenir est-il transnational pour un bon équilibre entre les différents niveaux d’intervention mais au-delà des revendications de chacun (cf. UNESCO : convention de Nara de 1994 ; Conseil de l’Europe : convention de Faro de 2005 ; programmes de l’UE, relations internationales entre Etats et autres acteurs) ?

- Comment voyez-vous les apports du patrimoine au développement dans les années à venir : uniformisation ou non des pratiques (cf. en particulier les articles de Gosselin-Tobelem, Gombault-Petr, Donnelly-Gautier) ? rôle de la numérisation, d’Internet (cf. en particulier les 3 dernières contributions de Mahoudeau-Rojas, Gagnebien-Paris, Rojanski-Vidal) ?

dimanche 15 février 2009

Préface de Jean-Pierre Warnier "Le patrimoine face à la mondialisation"

Le patrimoine face à la mondialisation

Préface de l'ouvrage du GRMP, Patrimoine et mondialisation, L'Harmattan, 2008.

Il est des biens qui circulent. Il est des biens sédentaires. Il y a des enchères à Drouot. On achète et on vend. On emballe. On expédie – à New York, Tokyo, Melbourne. Il y a le Louvre et la Tate : on conserve, on restaure, on protège, on garde sur place.

Il y a la globalisation des échanges culturels et marchands. Il y a le gel sur place des biens patrimonialisés. Ces deux processus définissent deux catégories de biens qui sont inséparables et complémentaires. Jouons du vocabulaire. Changeons les mots. A la place de flux globalisés, disons « circulation de biens aliénables ». A la place de patrimoine, disons « conservation de biens inaliénables ». Chaque humain, chaque peuple définit le contenu de ces catégories. Chacun décide de ce qu’il veut engager dans l’échange ou conserver par devers soi et transmettre à la génération suivante. On hérite des bijoux de famille. On ne les vend pas, sauf lorsque la vie elle-même est en danger. On les met au Mont de Piété, en espérant contre toute espérance un retour de fortune qui permettra de les reprendre. Retour de fortune qui se jouera dans la sphère des biens aliénables : on va faire des affaires, gagner au Loto, développer son commerce.

Les biens culturels ne s’opposent pas aux marchandises. Il y a des marchandises culturelles. C’est à l’intérieur de la catégorie des biens culturels que l’on trouve deux sous-catégories très structurantes : les biens que l’on engage dans les échanges, le troc, le marché, et, à l’opposé, les biens soustraits à la circulation qui constituent un patrimoine.

Les mots font illusion. « Globalisation » et « patrimoine » nous présentent les visages de jeunes compagnons. Ne nous y trompons pas : ils n’ont fait qu’endosser des masques lisses afin de cacher les rides de l’âge. Mais on devine les stigmates des ans et des siècles aux entournures. Dans « patrimoine » il y a pater et patria. C’est les pères qui ont mis le masque afin de leurrer notre désir de jeunesse. Ils transmettent par filiation les biens identificateurs de la lignée, les choses patrimoniales : le nom et les dieux auxquels s’est soumis le père, la langue apprise dans les bras de la mère, les pénates, la maison, les origines, et - lâchons le mot – les identifications, plus que l’identité. Mais chaque humain naît avec l’obligation de donner, de recevoir, de commercer, d’échanger. Autant qu’un devoir, c’est une nécessité. Alliance et filiation ; commerce et transmission ; circulation des biens et conservation des héritages ; transactions profanes et vénérations sacrées ; globalisation des flux et patrimonialisation. Sous les mots récents, la grève anthropologique.

Echange des biens profanes et patrimonialisation des biens sacrés sont aussi vieux que l’humanité. Ils font l’humain. Vous les trouvez chez les Pygmées d’Ituri, les Andamans, dans la Perse antique, le Japon impérial, la France de l’abbé Grégoire, le grand bazar hypermoderne des Emirats Arabes Unis. Complétez la liste : il n’existe aucune exception. Il faut conserver pour être soi et pour pouvoir s’engager dans le commerce avec les autres sans perdre son âme. Il faut échanger pour se maintenir en vie et se mettre en position de transmettre.

D’un côté l’identité, la transmission intergénérationnelle à l’intérieur de la maisonnée, de la lignée, du groupe. De l’autre, l’altérité, l’alliance matrimoniale avec les autres maisonnées, les autres lignées. Si les catégories anthropologiques sont claires, leur négociation dans la pratique au jour le jour de la patrimonialisation et des échanges l’est moins. Surtout – et c’est là que les auteurs du présent collectif interviennent avec toutes leurs compétences à l’appui – au temps de la globalisation des flux. La globalisation agit de manière sélective, en découpant l’espace, en marginalisant certains groupes ou sociétés, en jetant les autres dans des échanges intensifiés, en concentrant les richesses de manière sélective au-delà du concevable. C’est au long des lignes de contacts intensifiés que les catégories se brouillent, que les dieux sont détruits par les philistins, qu’on pille les temples et les sépultures des autres peuples, qu’on renonce à sa langue et qu’on vend son patrimoine. Mais aussi qu’on construit des musées, qu’on invente une sacralité républicaine, qu’on restaure les vestiges du passé.

Ce qu’apporte la globalisation des flux marchands, financiers, culturels, migratoires, c’est une radicalisation sans précédent de la tension entre échange et transmission, alliance et filiation. Rien ne va plus de soi comme nous aimons à penser que les choses allaient de soi aussi longtemps que les humains donnèrent du temps au temps, tout en priant les dieux de leur épargner le pire. Désormais, la gestion des échanges globalisés et du patrimoine sacralisé doit être volontaire et délibérée. Elle se fait politique. Il faut choisir ses découpages et ses limites. Les groupes ne sont plus des espaces clos à l’abri de limites linguistiques, géographiques, culturelles et identitaires clairement repérables, s’ils l’ont jamais été. Ils sont ouverts à tous les vents des échanges. Il faut tout renégocier : ce que l’on va conserver et geler dans l’inaliénabilité des musées, des paysages, des monuments, de la ville, et pour quel groupe, quelle nation, quelle « ethnie », quelle « communauté » ? Et ce qu’on va vendre, lancer dans le grand large des marchés mondialisés. A la limite, ce que l’on va prêter temporairement, ce qu’on va labelliser, ce qu’on va inscrire dans son identité tout en lui procurant un prolongement, en l’investissant ailleurs, sous licence.

La limite la plus englobante, celle du patrimoine commun de l’humanité, doit se construire pour que le genre humain n’abandonne pas définitivement toute humanité. C’est la frontière la plus récente et la plus difficile à négocier car elle inclut les échanges et la transmission à l’intérieur d’un périmètre commun. Cette situation est inédite. Pour la plupart des humains, la sphère du patrimoine est celle des limites de la maisonnée, de la cité, de la nation, de la communauté des croyants, de l’intérieur. Les échanges se font à l’extérieur. Leur demander d’abandonner leurs clôtures rassurantes pour se fondre dans une humanité commune en lui reconnaissant un patrimoine commun ne peut que les remplir d’incertitude et même d’angoisse. La globalisation superpose intériorité et extériorité. Elle brouille tous les repères. Avec elle, l’humanité atteint son Finistère. Celle-ci n’a plus d’autre extériorité que celle des extraterrestres fantasmés. Elle oppose les plus vives résistances à l’universalisme, reconstruisant sans cesse une extériorité qui lui fait défaut en rejetant les autres dans les espaces étrangers des différences religieuses, linguistiques, identitaires.

La lecture du présent collectif consacré au patrimoine face à la mondialisation nous éclaire sur les multiples diffractions locales de cette situation entièrement inédite dans l’histoire de l’humanité.

Jean-Pierre Warnier
Ethnologue
Centre d’Etudes Africaines, Paris

samedi 14 février 2009

Rencontre-débat Patrimoine et mondialisation - librairie Tekhne (2 février 2009)

Présentation du contenu du livre


par Anne Hertzog


L’ouvrage présenté peut dérouter par son contenu disparate : 12 analyses à partir de terrains variés, traitant de différents niveaux d’échelle, envisageant la notion de patrimoine sous des angles divers, celui des musées, celui des monuments ou encore des grandes expositions, abordant à la fois la question des usages, des institutions, de la numérisation…

C’est que la confrontation de ces deux notions, « patrimoine et mondialisation » s’appréhende à travers des dimensions multiples, que le livre s’efforce de saisir tout en ouvrant des perspectives.

Mondialisations. Au-delà de leur diversité, l’ensemble des contributions montrent que la production des patrimoines est aujourd’hui un phénomène à la fois mondialisé et mondialisant : l’extension de la notion même de patrimoine (que l’on peut assimiler à un rapport particulier au passé historiquement et socialement construit), suppose un certain rapprochement des pratiques de part le Monde, et renvoie à une forme de mondialisation culturelle. L’internationalisation de certains grands musées qui fait naître de nouvelles formes d’échanges entre institutions ou l’émergence de la notion de patrimoine mondial de l’Humanité, qui introduit l’idée d’une communauté de valeurs universelles partagées par l’ensemble des peuples, en constituent également des manifestations évidentes, largement abordées dans le livre.
Plus généralement, l’ouvrage montre que les usages, les pratiques et les représentations associées aux productions patrimoniales constituent l’une des dimensions contemporaines de la mondialisation. Cet ensemble de processus complexes et multidimensionnels, accéléré par la modernisation des moyens de communication et d’information, met les espaces et les sociétés de la planète en relation - tout en avivant dans le même temps la conscience de l’altérité et de la diversité.

Interprétations. La mondialisation est suscitée et vécue par les acteurs sociaux : certains ont la capacité de l’impulser, l’organisent, quand d’autres subissent les effets de l’intensification des échanges, qui intègrent très inégalement les lieux et les peuples. Aussi la mondialisation suscite-t-elle des interprétations divergentes et des réactions (crainte, sentiment d’exclusion ou de marginalisation) à l’origine d’une part de nouveaux discours identitaires lesquels redéfinissent certains usages du patrimoine, d’autre part de vifs débats sur la « marchandisation » de la culture ou l’uniformisation culturelle des sociétés « globalisées ».

Standardisation. L’internationalisation de certaines normes se traduit par la diffusion mondialisée de certaines pratiques de conservation, d’exposition ou encore de valorisation des patrimoines. Plusieurs contributions le montrent à partir de l’exemple des musées dont certains déploient des stratégies de développement à l’échelle du Monde. L’adoption de pratiques commerciales identiques ou encore le caractère inflationniste des grands événements (expositions) témoignent d’une standardisation – bien réelle – des formes de gestion et de promotion du patrimoine dans le Monde.

Occidentalisation. Le phénomène d’uniformisation est souvent associé à une supposée « occidentalisation », voire à une « américanisation » du monde. Cette interprétation de la mondialisation, qui trouve un large écho en Europe et qui est le plus souvent exprimée sur le ton de la défiance ou de l’accusation, se sert souvent des signes les plus visibles d’un rayonnement « agressif » de la culture étatsunienne. Les contributions réunies dans cet ouvrage mettent en lumière quelques manifestations bien réelles de l’imprégnation par les conceptions nord américaines des pratiques contemporaines de conservation et de valorisation du patrimoine, notamment en Europe. Elles soulignent notamment le déploiement sans précédent de stratégies qui tendent à brouiller la frontière entre établissements publics et industries culturelles.
Mais dans le même temps, l’ouvrage permet de dépasser la thèse simplificatrice de « l’impérialisme » culturel occidental ou américain et questionne plus qu’il affirme cet « effet de domination ». Plusieurs articles mettent en évidence la séduction exercée par les modèles culturels nord-américains, fondée sur des valeurs partagées comme la démocratie ou la notion de diversité culturelle, et la la volonté – plus ou moins assumée – de s’approprier certaines pratiques.

Circulation. Réfutant la thèse quelque peu simpliste d’un rapport de force entre culture « dominante » (occidentale et dans ce cas, européenne) et « dominée », lequel se traduirait par un processus d’homogénéisation, l’ouvrage montre que les échanges et emprunts réciproques conduisent dans le même temps à plus de diversité. La diffusion – mais peut-être faudrait-il plutôt parler de circulation – de normes culturelles (car les échanges ne s’opèrent jamais à sens unique) s’accompagnent toujours d’ajustements locaux qui contribuent à diversifier les pratiques.

Diversité. Par ailleurs, depuis les années 1980, l’émergence d’une interprétation de la mondialisation comme processus aux effets nivelant et appauvrissant pour les cultures locales a pour effet la construction d’un nouveau paradigme : celui de la diversité culturelle. Certaines contributions reviennent ainsi sur la promotion de l’ « exception culturelle » ou de la « diversité culturelle » notamment par de nouveaux acteurs comme l’Union Européenne. L’une d’elle étudie ainsi les enjeux de la numérisation d’un patrimoine européen, outil de promotion de la diversité culturelle dont les enjeux sont également politiques et économiques.
La mondialisation et ses interprétations, surtout celles fondées sur l’idée d’une homogénéisation nourrissent un mouvement généralisé de production et, en même temps, de diversification des patrimoines.
Coordination. Dans le nouveau contexte de la mondialisation, les problèmes de coordination et de repositionnement des différents acteurs intervenant dans le champ patrimonial se posent avec une acuité nouvelle.
Avec l’émergence de conceptions et d’acteurs intervenant à d’autres échelles – locales et supranationales – le lien entre patrimoine et souveraineté nationale est remis en question. En dépit de sa perte d’influence, le rôle de l’Etat n’est pas pour autant obsolète puisque le patrimoine valorisé par les collectivités locales et les institutions internationales (Unesco) est celui-là même qui a été produit au niveau central. De plus, des normes protectrices contraignantes créées par les Etats continuent à orienter les actions menées à l’échelle locale ou au sein des organisations internationales. Des formes inédites de coordination et de partenariats entre acteurs publics et privés soulèvent des questions nouvelles en termes de gestion et de valorisation patrimoniale.

Universalisme/relativisme. Les organisations supranationales type ICOM sont partagées entre la défense de conceptions universalisantes et la promotion de la diversité culturelle. Aussi oscillent-elles entre universalisme et relativisme : chargées d’instaurer des normes de bonne pratique uniformément applicables, elles sont aussi appelées à prendre en compte les particularismes nationaux, régionaux ou même locaux. Ce « dilemme » comme l’ont qualifié certains auteurs est révélateurs des tensions suscitées par la mondialisation.

Patrimoine mondial. L’universalisation de certains principes, notamment exprimée dans un certain nombre de Conventions mondiales (Unesco) se heurte au caractère international et non pas supranational des institutions chargées de les mettre en œuvre.
A l’autre bout de l’échelle, les demandes de labellisation de lieux par les acteurs territoriaux montrent qu’ils se saisissent d’opportunités de développement dans un contexte de luttes d’influence et de compétition avivée par la mondialisation : plusieurs contributions analysent ainsi les enjeux locaux d’un système de protection et de valorisation du patrimoine pensé à l’échelle mondiale.

Débat. Je crois que le livre ouvre des perspectives nombreuses … nous attendons donc beaucoup de nos invités, qu’ils nous livrent leur lecture et leur vision des questions que nous abordons.

vendredi 13 février 2009

Résumé des contributions de l'ouvrage Patrimoine et mondialisation

RESUME DES CONTRIBUTIONS (dossier réuni par Mathilde Gautier)

Patrimoine et Mondialisation

I- L’internationalisation croissante des relations culturelles : le patrimoine entre local et mondial

1.1 Echanges culturels internationaux et diversification des formes culturelles locales


Partant de l’étude des musées égyptiens et français, les deux premières contributions développent une analyse très proche. La prise en compte du temps long leur permet de s’émanciper des discours, souvent emprunts de présentisme, qui assimilent la « mondialisation » à une homogénéisation croissante et une mise en danger des diversités culturelles. Les deux contributions montrent au contraire que les échanges internationaux, qui impliquent des interlocuteurs variés, ne s’opèrent jamais à sens unique et que la diffusion de formes culturelles s’accompagne toujours d’ajustements locaux. Le troisième papier traite de deux organismes internationaux aux prises avec le dilemme universalisme/relativisme.

A qui appartient le patrimoine égyptien ? La mondialisation de la culture pharaonique et l’histoire des musées en Égypte (Bruwier & Mairesse)

A partir du cas égyptien, l’article montre que l’histoire des musées de ce pays ne se limite en aucun cas à l’importation d’un modèle issu des pays occidentaux. Réfutant la thèse quelque peu simpliste d’un rapport de force entre culture « dominante » et culture « dominée », laquelle se traduirait par un processus d’homogénéisation, les auteurs montrent qu’on est plutôt en présence d’échanges et d’emprunts réciproques dont la synthèse locale garantit un renouvellement et une diversification des formes culturelles.

Les échanges internationaux comme point d’ancrage de la modernisation et de la diversification des musées français (Hertzog & Poulard)

L’article montre que l’évolution des musées de collectivités depuis l’entre-deux-guerres (qu’il s’agisse de leur finalité sociale ou de la diffusion de nouvelles normes de conservation et de présentation) est intrinsèquement liée aux changements qui affectent les musées sur le plan international. De ce point de vue, les échanges internationaux et leur intensification ne sont pas à l’origine d’une homogénéisation des musées et d’une uniformisation culturelle, si souvent dénoncées. Ils sont au contraire au fondement de leur diversification, dont l’intensité varie certes en fonction des périodes.

ICOM et ICOMOS, deux ONG internationales entre universalisme et relativisme (Labadi & Wintzerith)

Le 20ème siècle a vu la naissance et le renforcement d’un certain nombre d’organisations internationales de protection et de valorisation du patrimoine (qu’elles soient intergouvernementales ou non-gouvernementales). L’article révèle que ces organisations oscillent entre des actions universalistes et des actions relativistes. Ce dilemme, qui reflète plus largement les problèmes de coordination avec chaque Etat, est au cœur de leurs missions. Mais pour des raisons historiques et conjoncturelles, elles le résolvent différemment, ce qui pèse sur les mesures de protection.

1.2 Multiplication des échelles d’intervention et problèmes de coordination

Si, en matière de protection du patrimoine, la diversité des acteurs impliqués et des échelles d’intervention (locales, nationales et mondiales) n’est pas nouvelle, leur accroissement pose avec acuité la question de leur articulation.

Le patrimoine culturel et la souveraineté politique : une liaison en quête de sens (Héritier & Thuriot)

En s’intéressant à l’histoire de la protection du patrimoine français, l’article retrace l’évolution des actions menées et des formes de coordination entre les différentes instances. Tout en rappelant l’impulsion majeure de l’Etat, il pointe le rôle croissant des initiatives locales et des organisations internationales. En dépit de sa perte d’influence, le rôle de l’Etat n’est pas pour autant obsolète, puisque le patrimoine valorisé par les collectivités locales et les institutions internationales est celui là même qui a été produit au niveau central et que des normes protectrices contraignantes continuent à orienter les actions.

Musées et monuments entre enjeux d’image et de gestion aux différentes échelles territoriales (Regourd & Thuriot)

L’article revient sur la délicate gestion économique du patrimoine face aux enjeux internationaux : les sources de financement complémentaires ou la délégation de service public et les dangers qu’ils font peser sur le culturel. Contrairement aux industries culturelles (qui constituent des marchés internationaux de services et relèvent d’une mobilité de circulation), le rapport des musées et des monuments à la mondialisation économique se pose dans des termes différents. Il s’agit en effet de « biens publics », caractérisés par une insertion territoriale.

Inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO : les effets de classement et les stratégies d'acteurs territoriaux européens. Analyse de la candidature du réseau transnational de villes du « Septentrion » (Alcaud & Wert)

La multiplication des acteurs et des institutions engagées dans la sauvegarde du patrimoine interroge la coordination de leurs actions. L’article s’efforce d’y répondre, en partant d’une mesure emblématique de protection du patrimoine : l’élaboration de projets en vue d’une inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO. Derrière l’apparente cohérence de cette candidature, les auteurs montrent au contraire que les modalités de coopération résultent plus d’une série de tâtonnements et de « bricolages ». En montrant que les acteurs territoriaux saisissent des opportunités dans un contexte de luttes d’influence et de compétitions entre projets, l’article pointe les enjeux locaux d’un système de protection et de valorisation du patrimoine pensé à l’échelle mondiale.

II- Mondialisation des stratégies et des pratiques

2.1- Concurrence et coopération : vers une uniformisation culturelle ?

Si l’histoire permet de relativiser les craintes qui pèsent sur la reconnaissance des diversités culturelles (homogénéisation et diversification constituent les deux facettes d’un même phénomène), l’accroissement des échanges internationaux, l’essor des moyens dévolus à certains établissements et la compétition qu’ils se livrent posent la question de l’uniformisation des manifestations institutionnelles et de leur caractère inflationniste.

Internationalisation des musées : effet de domination ou coopération culturelle ? Le cas de la fondation Guggenheim et du musée de l’Ermitage (Gosselin & Tobelem)

L’article se penche sur la fondation Guggenheim et le musée de l’Ermitage. Les développements entrepris par ces deux établissements reflètent l’essor de stratégies muséales tournées vers le développement international. L’article interroge par ailleurs la pertinence de « la coopération décentralisée » comme alternative aux stratégies inflationnistes actuellement suivies.

La réputation des musées et des monuments superstars (Gombault & Petr)

A partir du cas des grands musées et monuments, cet article s’interroge sur l’effet « superstar » qui résulte tant de l'offre institutionnelle que de la demande d’une partie du public, perceptible à travers les représentations qu’ils partagent ainsi que leurs comportements.

Commerce, culture et mondialisation : les expositions événementielles et les boutiques de musées aux Etats-Unis et en France (Donnelly & Gautier)

L’article se penche sur les stratégies événementielles des grands musées français et américains. D’une manière générale, les grandes expositions se répartissent autour de quatre thèmes principaux : les impressionnistes (expositions la plupart du temps co-organisées avec les grands musées d’art américains et français), les « vieux maîtres », les trésors et les mythes des civilisations disparues ou des pays orientaux et, plus récemment, la culture dite « populaire » (Titanic, Pixar, Star Wars, Disney, etc). Leur multiplication s’accompagne d’une généralisation des stratégies commerciales, lesquelles tendent à rendre moins évidente la frontière entre établissements publics et industries culturelles.

2.2 Diversité des usages d’un nouvel espace mondialisé

La réflexion concernant l’internationalisation des échanges culturels ne peut être dissociée de celle de leurs supports. Les nouvelles technologies constituent de ce point de vue une évolution dont il convient d’interroger les effets dans le champ culturel et patrimonial. Elle permet de s’interroger sur l’inflation des stratégies de communication du patrimoine et sur leurs modalités d’appropriations par les usagers.

Mondialisation et hypermédias de médiation du patrimoine (Mahoudeau & Rojas)

Cet article s’intéresse lui aussi à l’incidence de l’Internet et du Web dans la médiation des savoirs culturels et aboutit à des conclusions très proches. Tout en témoignant d’une uniformisation des techniques, la généralisation des sites Web de musées et des dispositifs hypermédias d’incitation à la visite de sites touristiques culturels et naturels ont contribué à une plus grande hétérogénéité des productions.

Enjeux politiques et usages sociaux de la numérisation du patrimoine immatériel : l’exemple de la mémoire du génocide nazi des Juifs d’Europe (Gagnebien & Paris)

Partant de la numérisation de l’information patrimoniale relative au génocide des juifs d’Europe, l’article révèle qu’Internet a permis un accroissement considérable de l’offre, mais a contribué dans le même temps à son éparpillement. En effet, il n’existe pas de politique coordonnée et les tentatives de fédération continuent de se heurter au clivage institutions/amateurs. Cette inflation de l’offre a pour corollaire une diversification des formes d’appropriation de ce patrimoine immatériel.

L’OMC, l’UE et le patrimoine culturel : la numérisation au service de la diversité culturelle ? (Rojanski & Vidal)

L'Organisation mondiale du commerce n'apparaissant pas comme l'enceinte appropriée pour la conduite d'une réflexion sur la culture, la contribution rappelle les risques d'une application stricte des principes de libéralisation des échanges économiques aux produits culturels. L'objectif de diversité culturelle promu par l'UE passe par un soutien public renouvelé en faveur du secteur culturel et par une régulation adaptée aux spécificités de ces activités, alors même que se développent les nouveaux services et les nouveaux modes de diffusion, notamment sur l'internet. De ce point de vue, la politique de numérisation du patrimoine culturel constitue une dimension essentielle au service de la préservation et de la promotion de la diversité. Au niveau international, le rééquilibrage de l'interface commerce / culture passe nécessairement par une mise en œuvre de la récente Convention sur la diversité des expressions culturelles, élaborée au sein de l’Unesco et conçue comme une base juridique visant à légitimer les mesures gouvernementales de soutien à la culture.

jeudi 12 février 2009

Références des auteurs de l'ouvrage Patrimoine et mondialisation

David Alcaud, enseignant-chercheur aux Instituts d’Etudes Politiques de Lille et de Paris. Chargé de recherche au CIR (Centre interdisciplinaire de Recherches comparatives en sciences sociales) où il dirige le pôle « Espaces publics, espaces politiques ».Membre du LASSP (Laboratoire des Sciences sociales du Politique) à l’Institut d’Etudes Politiques de Toulouse – davidalcaud@hotmail.fr

Marie-Cécile Bruwier, directrice scientifique du Musée royal de Mariemont, Etablissement scientifique de la Communauté française de Belgique – marie-cecile.bruwier@musee-mariemont.be

Jennifer A. Donnelly, doctorante en histoire culturelle à l’Université Paris 7, membre de la Filière Images. Diplômée de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (Centre d’histoire et de théorie des arts) – jennifer.donnelly@wanadoo.fr

Anne Gagnebien, doctorante en sciences de l'information et de la communication à l'Université Paris 13, membre du LabSic, rattachée au centre CNRS Alexandre Koyré – anne.gagnebien@gmail.com

Mathilde Gautier, docteur en études culturelles à l’Université Paris 1, membre du CRICC (Centre de Recherche Images, Cultures et Cognition). Articles : « La librairie de musée en tant que médium », in Culture et Musées, Lyon, PUL, 2008, p. 37-57 ; « Les boutiques en ligne de musées », http://www.omnsh.org/article.php3?id_article=55&var_recherche=gautier, mai 2005 – gautier.math@gmail.comhttp://imagescognitions.univ-paris1.fr/spip.php?article78

Anne Gombault, professeur de management et comportement organisationnel et responsable de la Chaire Arts, Culture et Management en Europe à Bordeaux Ecole de Management à BEM-Bordeaux Management School – anne.gombault@bem.edu

Aurélie Gosselin, médiathécaire au musée du Louvre – a.musee@free.fr

Annie Héritier, maître de conférences à la Faculté de Droit de l'Université de Corse, enseigne aussi le droit du patrimoine culturel dans les Universités d’Avignon, Paul Cézanne Aix-Marseille III et Jean Moulin Lyon 3. Parmi ses publications, on peut citer : « La Révolution française et les musées de province », in Anne-Solène Rolland, Hanna Murauskaya (dir.), Les musées de la nation. Créations, transpositions, renouveaux, Europe XIXe – XXIe siècles, Paris, l’Harmattan, coll. Patrimoines et Sociétés, 2008, p. 31-45, Genèse de la notion juridique de patrimoine culturel, L’Harmattan, coll. Droit du patrimoine culturel et naturel, 2003 – annie.heritier@gmail.com

Anne Hertzog, maître de conférences en géographie à l’université de Cergy-Pontoise, membre du laboratoire MRTE (UCP) – hertzog.anne@wanadoo.fr

Sophia Labadi, docteur en archéologie (University College London, Angleterre), consultante pour l’UNESCO. Rédacteur en chef de 'Patrimoine Mondial, défis pour le millénaire' (publication du Centre du patrimoine et mondial de l'UNESCO, 2007) et de Heritage and Globalisation (publié par Routledge, 2009). A reçu le prix des politiques culturelles de l'ENCATC en 2008 – sophiesworld@hotmail.com

Julien Mahoudeau, chercheur associé à l’Unité Toulousaine d’Archéologie et d’Histoire (UTAH – UMR 5608 CNRS). Membre du comité d’orientation de l’Association du Programme européen Modélisation de la Complexité (MCX) – jm@jmahoudeau.net

François Mairesse, directeur du Musée royal de Mariemont, Etablissement scientifique de la Communauté française de Belgique – francois.mairesse@musee-mariemont.be

Emmanuel Paris, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris 13, membre du LabSic – paris@sic.univ-paris13.fr

Christine Petr, maître de conférences en marketing à l’Institut d’Administration d’Entreprise de Rennes (IGR). Membre du CREM (UMR CNRS 6211) de l’Université de Rennes 1 – christine.petr@univ-rennes1.fr

Frédéric Poulard, maître de conférences en sociologie à l’Université Lille 1, membre du Clersé – fred.poulard@wanadoo.fr

Martine Regourd, maître de conférences en Sciences de l'Information et de la Communication à l'Université des Sciences Sociales de Toulouse, membre de l'équipe de recherches IDET-COM – martine.corral@univ-tlse1.fr

Estrella Rojas, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’Université d’Artois, IUT de Lens, Département Services et Réseaux de communications. Membre du laboratoire Paragraphe (Université Paris 8) – estrella.rojas@wanadoo.fr

Vladimir Rojanski, doctorant à l'Institut d'Etudes Européennes de l'Université Paris 8 (Sujet de thèse : Diversité culturelle et mondialisation : l'impact des règles du commerce international sur la politique audiovisuelle de l'Union européenne). Conseiller pédagogique à la Direction des affaires européennes de l'ENA (CEES) – vladimir.rojanski@cees.ena.eu

Fabrice Thuriot, docteur en droit public, HDR, ingénieur d’études au Centre de recherche sur la décentralisation territoriale (CRDT – EA 3312 GIS GRALE-CNRS) à la Faculté de Droit et de Science Politique de l’Université de Reims Champagne-Ardenne, auteur notamment de L’offre artistique et patrimoniale en région. Proximité et rayonnement culturels (L’Harmattan, 2004), Culture et territoires. Les voies de la coopération (L'Harmattan, 1999) – fabrice.thuriot@univ-reims.frhttp://crdt.univ-reims.fr/

Jean-Michel Tobelem, docteur en gestion, diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et d’études supérieures de droit public, chargé de cours à l'École du Louvre et dans plusieurs universités, auteur de Le nouvel âge des musées, les institutions culturelles au défi de la gestion (Armand Colin, 2005) et Musées et culture, le financement à l'américaine (PU Lyon, 1990), responsable de la collection "Gestion de la culture" chez l'Harmattan, directeur d'Option Culture – option.culture@wanadoo.frhttp://option.culture.free.fr/

Geneviève Vidal, maître de conférences en Sciences de l'Information et de la Communication à l'Université Paris 13, membre du LabSic et de la MSH Paris Nord, a publié Contribution à l'étude de l'interactivité. Les usages du multimédia de musée, aux Presses Universitaires de Bordeaux, Collection Labyrinthes en 2006 - gvidal@sic.univ-paris13.fr

Jean-Pierre Warnier, chercheur associé au Centre d'Etudes africaines (EHESS, Paris), a publié Régner au Cameroun. Le Roi-pot, Paris, CERI-Karthala, Coll "Recherches internationales", 2009 ; La mondialisation de la culture, Paris, La Découverte, Coll "Repères", 4ème édition, 2007 ; avec Rosselin, C. (éds.), Authentifier la marchandise. Anthropologie critique de la quête d'authenticité, Paris, L'Harmattan, 1996 ; (éd.), Le paradoxe de la marchandise authentique. Imaginaire et consommation de masse, Paris, L'Harmattan, 1994 – jp-warnier@wanadoo.fr - http://www.fasopo.org/

Bertrand Wert, doctorant en science politique, membre de l’Institut de recherche interdisciplinaire en socio-économie IRISES, UMR 71 70 – CNRS, de l’Université Paris IX Dauphine. Membre du CIR (Centre interdisciplinaire de Recherches comparatives en sciences sociales) – bertrand.wert@hotmail.com

Stéphanie Wintzerith, docteur en sociologie (Université de Karlsruhe, Allemagne) et diplômée de l’EAP (Ecole Européenne des Affaires, Paris-Oxford-Berlin), consultante indépendante, recherche sur les publics et évaluation pour institutions culturelles. Publications : "Le projet eMotion - ou comment mesurer les émotions dans une exposition d'art", actes du colloque international "L'art et la mesure", Ecole normale supérieure, 3-5 decembre 2008 (http://www.ens.fr/) ; "Les Winhachtsbredele - une tradition alsacienne", éditions Coprur, Strasbourg 2001– swi@wintzerith.dehttp://www.wintzerith.de/

mercredi 11 février 2009

Ouvrage Patrimoine et mondialisation

Édition – Diffusion
5-7, rue de l’École Polytechnique 75005 Paris
Tél : 01 40 46 79 20 / Fax : 01 43 25 82 03
http://www.editions-harmattan.fr/
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Patrimoine et mondialisation
par le Groupe de Recherches sur les Musées et le Patrimoine (GRMP)
Préface de Jean-Pierre Warnier
Collection « Administration et aménagement du territoire »
ISBN : 978-2-296-05650-3 • 26 € • 290 pages
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Cet ouvrage collectif qui réunit douze contributions a pour objet la relation patrimoine-mondialisation. Elle est explorée sous de multiples facettes qui évitent certains écueils : l'écueil d'une définition du patrimoine uniquement matériel puisque le patrimoine immatériel et la question de la numérisation sont largement abordés ; l'écueil d'un traitement limité aux seules grandes institutions internationalisées puisque les musées et patrimoines locaux ont toute leur place dans l'analyse ; l'écueil de la réduction du monde aux seuls pays industrialisés du Nord puisque des exemples issus des pays du Sud sont également intégrés ; l'écueil, enfin, d'une appréhension de la mondialisation uniquement par les flux ou par des processus désincarnés et subis puisque les acteurs, leurs représentations et leurs stratégies sont au centre des réflexions.
La relation patrimoine-mondialisation est ensuite travaillée dans ses multiples dimensions, conduisant certains auteurs à préférer la penser en termes d'internationalisation lorsqu'elle suppose de nouvelles formes de collaborations entre Etats par exemple, quand d'autres préfèrent l'analyser en termes de globalisation lorsqu'elle suppose l'émergence d'une pensée globalisée du patrimoine à l'échelle mondiale.
La relation patrimoine-mondialisation conduit également les auteurs à s'emparer de notions et concepts devenus incontournables dans les débats actuels : diversité culturelle, patrimoine mondial, homogénéisation du monde, marchandisation de la culture. Par la variété et l'originalité de leurs contributions, ils en proposent des approches renouvelées, avec le souci d'ancrer la réflexion dans des exemples empiriques et des cas concrets.

Coordination éditoriale : Fabrice Thuriot et Geneviève Vidal, avec la collaboration de Mathilde Gautier, Anne Hertzog et Frédéric Poulard.

Comité de pilotage : Mathilde Gautier, Anne Hertzog, Julien Mahoudeau. Emmanuel Paris, Frédéric Poulard, Martine Regourd, Estrella Rojas, Fabrice Thuriot et Geneviève Vidal.

Avec également des contributions de David Alcaud, Marie-Cécile Bruwier, Jennifer Donnelly, Anne Gagnebien, Anne Gombault, Aurélie Gosselin, Annie Héritier, Sophia Labadi, François Mairesse, Christine Petr, Vladimir Rojanski, Jean-Michel Tobelem, Bertrand Wert et Stéphanie Wintzerith, et la préface de Jean-Pierre Warnier, ethnologue, Centre d'Etudes Africaines, Paris.

TABLE DES MATIERES
Les auteurs
Présentation de l’ouvrage et du GRMP
Préface : Le patrimoine face à la mondialisation – Jean-Pierre Warnier
Introduction – Le patrimoine face à la mondialisation : nouvelles frontières et nouvelles pratiques

Première partie – L’internationalisation croissante des relations culturelles : le patrimoine entre local et mondial

1.1 Echanges culturels internationaux et diversification des formes culturelles locales
A qui appartient le patrimoine égyptien ? La mondialisation de la culture pharaonique et l’histoire des musées en Égypte – Marie-Cécile Bruwier & François Mairesse
Les échanges internationaux comme point d’ancrage de la modernisation et de la diversification des musées français – Anne Hertzog & Frédéric Poulard
ICOM et ICOMOS, deux ONG internationales entre universalisme et relativisme – Sophia Labadi & Stéphanie Wintzerith

1.2 Multiplication des échelles d’intervention et problèmes de coordination
Le patrimoine culturel et la souveraineté politique. Une liaison en quête de sens – Annie Héritier & Fabrice Thuriot
Musées et monuments entre enjeux d’image et de gestion – Martine Regourd & Fabrice Thuriot
Les politiques patrimoniales : nouveaux acteurs, nouveaux paradigmes. Analyse de la candidature du réseau transnational de villes du « Septentrion » au patrimoine mondial de l’UNESCO – David Alcaud & Bertrand Wert

Deuxième partie – Mondialisation des stratégies et des pratiques

2.1 Concurrence et coopération : vers une uniformisation culturelle ?
Internationalisation des musées : effet de domination ou coopération culturelle ? Le cas de la fondation Guggenheim et du musée de l’Ermitage – Aurélie Gosselin & Jean-Michel Tobelem
La réputation des musées et des monuments superstars – Anne Gombault & Christine Petr
Commerce, culture et mondialisation : les expositions événementielles et les boutiques de musées aux Etats-Unis et en France – Jennifer Donnelly & Mathilde Gautier

2.2 Diversité des usages d’un nouvel espace mondialisé
Mondialisation et hypermédias de médiation du patrimoine – Julien Mahoudeau & Estrella Rojas
La numérisation de la mémoire du génocide nazi des juifs d’Europe, entre « projets descendants » et « projets ascendants » – Anne Gagnebien & Emmanuel Paris
L’OMC, l’UE et le patrimoine culturel : la numérisation au service de la diversité culturelle ?
Vladinir Rojanski & Geneviève Vidal
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Patrimoine et mondialisation au prix unitaire de 26 €
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mardi 10 février 2009

Ouvrage Politique et musées (critique et présentation)

BBF 2003 – Paris, t. 48, n° 1, Bibliothèque du bibliothécaire
monographie Politique et musées
Compte-rendu : Philippe Poirrier

sous la direction de Jean-Michel Tobelem. Paris : l’Harmattan, 2002. – 382 p. ; 22 cm. - (Patrimoines et sociétés). ISBN 2-7475-2677-1 : 29 €

Cet ouvrage collectif, coordonné par Jean-Michel Tobelem, constitue le second numéro de la collection « Patrimoines et sociétés » animée par Catherine Ballé, Élizabeth Caillet, Françoise Dubost et Dominique Poulot. L’objectif affiché par cette collection est d’explorer les processus de patrimonialisation dans les sociétés contemporaines.
La perspective de ce volume, qui réunit treize jeunes chercheurs, est résolument pluridisciplinaire (science politique, histoire de l’art, sociologie, droit, gestion et communication). Une introduction collective en restitue les principaux enjeux. Le musée est ici défini comme une « institution politique », porteuse de valeur et contribuant à fixer des représentations collectives. Le titre « Politique et musées » est, somme toute, large. Il permet de réunir des contributions diverses sous trois registres : espace public et musées, mutations idéologiques et musées, politiques publiques et musées.
La première partie, placée sous l’ombre tutélaire de Jürgen Habermas, offre une utile comparaison internationale. Martine Regourd envisage, à partir du cas français, le musée comme un espace de communication, symbolique des mutations politiques. La partie historique de l’exposé n’emporte pas toujours l’adhésion. Le long XIXe siècle nous semble moins marqué par la construction d’un réseau départemental que par l’affirmation progressive des musées municipaux, alors même que l’État se désengage. De même, la modernisation récente des musées des grandes métropoles relève surtout de l’affirmation des politiques culturelles urbaines. Les régions sont certes sollicitées dans le cadre des financements croisés, mais ne sont que rarement les collectivités initiatrices. Les contributions consacrées à l’Italie (David Alcaud), à l’Allemagne à travers le cas de Berlin (Véronique Charléty) et à la Grèce (Georges Armaos) montrent combien l’insertion des musées au sein des espaces publics nationaux est tributaire des modalités de la construction de l’unité nationale.
La seconde partie porte sur les mutations idéologiques qui affectent le musée dans un contexte d’affaiblissement des politiques publiques et d’affirmation de la marchandisation des biens culturels. Cette problématique, envisagée sous l’angle des critiques et des historiens de l’art (François-René Martin), des sciences de la gestion (Raymond De La Rocha-Mille), des sciences de l’information (Geneviève Vidal) et des réactions du personnel à la modernisation du Louvre (Anne Gombault), permet de mesurer les évolutions qui affectent l’identité des institutions culturelles. Cette nouvelle culture managériale rencontre de multiples résistances qui témoignent du poids des anciens modèles marqués par le primat de la conservation.
La dernière partie est consacrée à la place des musées au sein des politiques publiques de la culture. L’affirmation du tourisme culturel (Jean-Michel Tobelem et Luc Benito), la recherche de nouveaux publics (Fabrice Thuriot) constituent des enjeux désormais incontournables pour les musées. La question de l’évaluation du musée (Odile Paulus), souvent menée sous l’angle des études de publics (Sylvie Octobre), permet de reprendre la question des relations entre l’institution et ses tutelles. L’affirmation des politiques culturelles urbaines et la professionnalisation des services municipaux affectent le mode de fonctionnement de l’institution.
Un index thématique (on regrettera malgré tout l’absence d’un index des noms de personnes) complète une édition de bonne qualité, nouveauté chez un éditeur qui souvent a sacrifié cette partie de son travail. Ce volume offrira aux professionnels des bibliothèques d’utiles éléments de comparaison sur les évolutions d’une institution culturelle, à la fois proche et lointaine des bibliothèques (1) . En filigrane, c’est l’avenir de la place de l’institution culturelle dans l’espace public qui est posé. La question est essentielle alors même que les enquêtes sur les pratiques culturelles conduisent à repenser le projet des politiques culturelles (2) .

1. On pourra se reporter à : Le Musée et la bibliothèque : vrais parents ou faux amis ?, Paris : BPI-Centre Beaubourg, 1997 (voir le compte rendu de Joëlle Le Marec dans le BBF n° 5 de 1997).
2. Olivier Donnat, « La démocratisation de la culture en France à l’épreuve des chiffres de fréquentation », Circular, octobre 2002, n° 14, p. 2-3.

revue-espaces.com
l'information stratégique au service du développement du tourisme et des loisirs

Politique et musées
Collection Patrimoine et Sociétésde Collectif Edition L'Harmattan - 2002 - 382 pages 29.00 euros
ISBN : 2-7475-2677-1

Les musées sont porteurs de valeurs et contribuent à fixer des représentations collectives. En ce sens, ils peuvent être définis comme des institutions “politiques”, et l’actuelle mutation des liens entre politique et musées reflète le renouvellement de l’inscription sociale de la culture dans nos sociétés. Cet ouvrage étudie l’interaction entre les musées et un environnement qu’il contribue à transformer et à redéfinir, tout en étant affectés eux-mêmes par les contraintes économiques et de gestion qui pèsent désormais sur eux.

Mots clés : musées, politique culturelle

lundi 9 février 2009

Ouvrage Politique et musées

Politique et Musées
Collection « Patrimoine et Sociétés »
L’Harmattan, 2002
384 pages
ISBN 2-7475-2677-1
29 euros

Les musées sont porteurs de valeurs et contribuent à fixer des représentations collectives. En ce sens, ils peuvent être définis comme des institutions « politiques ». L’actuelle mutation des liens entre politique et musées, qui reflète le renouvellement de l’inscription sociales de la culture dans nos sociétés, est significative à plus d’un titre. L’analyse du phénomène conduit, de fait, à questionner l’un des fondements des démocraties occidentales.
Par une interprétation des représentations que les acteurs sociaux se font de leurs usages et de leurs missions, l’ouvrage étudie l’interaction entre les musées et un environnement qu’ils contribuent à transformer et à redéfinir, tout en étant affectés eux-mêmes par les contraintes économiques et de gestion qui pèsent désormais sur eux.
Les différentes questions sont abordées par une approche pluridisciplinaire (science politique, histoire de l’art, sociologie, droit, gestion, communication, etc.) dans le cadre de cet ouvrage collectif, à partir d’analyses françaises et internationales, réparties en trois grands axes :
La première partie explore les enjeux d’une inscription des musées dans un espace public.
La deuxième partie concerne les mutations idéologiques que connaissent les musées.
La troisième partie décrit la rencontre entre les stratégies muséales et différentes formes de politiques locales ou gouvernementales.

dimanche 8 février 2009

Présentation du GRMP

Présentation du Groupe de Recherches
sur les Musées et le Patrimoine (GRMP)

Rassemblant depuis 1994 de jeunes chercheurs travaillant sur des sujets relatifs aux musées et au patrimoine, ce groupe a pour objectif - par le biais de discussions et d'échanges d'informations, puis de projets collectifs - de briser un double isolement : dans sa discipline et sur le plan géographique.
Le groupe comprend une cinquantaine de personnes intéressées par la démarche, qui viennent de France, Belgique, Canada, Espagne, Italie, Suisse, Allemagne, Royaume-Uni, Etats-Unis…
Les disciplines représentées sont les suivantes : muséologie, histoire, science politique, droit, économie, gestion, histoire de l'art, sociologie, tourisme, archéologie, géographie, sciences de l’information et de la communication…
Les réunions sont organisées à Paris 3 à 4 fois par an, parfois à l’extérieur (1 fois à Berlin en septembre 2004 lors d’ICHIM).
1. Les traits du « réseau » sont les suivants : caractère informel (non rattachement à un laboratoire ou à un centre de recherche) ; pluridisciplinarité (toutes les disciplines se penchant sur les questions intéressant le groupe sont les bienvenues) ; large ouverture géographique (Paris et régions, France et international).
2. Le champ couvert est principalement celui des musées et du patrimoine, mais le groupe accueille aussi des chercheurs travaillant sur des champs connexes (festivals, politiques culturelles, mécénat…).
3. Le groupe continue à accueillir de nouveaux « thésards » ; quant aux professionnels, ils peuvent être accueillis en fonction de l’intérêt qu’ils manifestent pour les problématiques de la recherche.
4. Le groupe se réunit trois à quatre fois par an (le lieu n’étant pas nécessairement parisien), étant entendu qu’il est fait appel autant que possible à l’Internet pour la facilitation des échanges.
5. La qualité des travaux du groupe dépend uniquement de l’implication de ses membres, du fait de l’absence de moyens de fonctionnement autres que la bonne volonté de chacun.
Un nouveau site Internet est à l’étude pour remplacer le site originel non mis à jour : http:\\membres.lycos.fr/arpamus/index.html

Présentation du projet d’ouvrage

Après un premier ouvrage collectif intitulé Politique et Musées (L’Harmattan, 2002) qui est référencé dans de nombreuses publications, le groupe réfléchissait depuis 2003 à un second projet sur le thème Patrimoine et Mondialisation afin de traiter le 2e volet de compétences du Groupe de Recherche sur les Musées et le Patrimoine (GRMP), même si les musées continuent de faire partie des préoccupations en tant que parties intégrantes du patrimoine.

Coordination éditoriale : Fabrice Thuriot et Geneviève Vidal,
avec la collaboration de Mathilde Gautier, Anne Hertzog et Frédéric Poulard.

Comité de pilotage : Mathilde Gautier, Anne Hertzog, Julien Mahoudeau, Emmanuel Paris, Frédéric Poulard, Martine Regourd, Estrella Rojas, Fabrice Thuriot et Geneviève Vidal,

avec la participation de Marie-Cécile Bruwier, Gaëlle Crenn, Anne Gagnebien, Anne Gombault, Aurélie Gosselin, Sophia Labadi, Julien Mahoudeau, François Mairesse, Jean-Michel Tobelem, Bertrand Wert et Stéphanie Wintzerith.